"He is a good guy, a very good guy ! "

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Sunday, November 15, 2015

Quand le premier ministre Couillard vient à Boston

Pour la première fois depuis son élection, le premier ministre Couillard était de passage à Boston le 12 et 13 novembre.

Résidente à Boston depuis plus de 5 ans, on m’a demandé si je voulais assister à cette mission du Premier ministre. J’ai un peu hésité avant d’accepter ne sachant pas trop à quoi m’attendre. J’ai finalement décidé de me lancer dans cette aventure de 2 jours et d’écrire un billet sur sa visite. Je voyais aussi une belle occasion de me faufiler pour la première fois dans le monde du pouvoir politique sachant fortement que ca ne serait qu’éphémère.

Notre première rencontre a eu lieu le soir dans un restaurant. Le premier ministre Couillard, accompagné de la délégation du Québec à Boston, rencontrait des représentants de huit entreprises et organisations québécoises spécialisées en orthopédie et en réadaption. Ces entreprises avaient la possibilité de présenter leur produits à un auditoire local ciblé d’innovateurs du domaine de la santé. Boston est la porte d’entrée par excellence pour le marché médical avec MIT, les centres de recherche et ses hôpitaux prestigieux.

J’ai regardé le premier ministre de loin et je me disais qu’il était dans son élément. Quoi de mieux qu’un premier ministre neurochirurgien pour rencontrer des gens dans le milieu médical? Assis à coté de moi, deux journalistes, un du journal du Québec et un de la Presse Canadienne prenaient des notes. Nous étions trois à couvrir cette mission.

Je suis partie de la soirée en me demandant ce que je pourrais bien écrire d’intéressant sur sa visite. Le jour suivant fut différent car une nouvelle arriva. Un sujet touchant les québécois mais aussi les résidents de Boston, c’est à dire moi. 

La journée fut longue. Le matin très tôt, le premier ministre Couillard a rencontré le gouverneur de l’état de Massachusetts M. Charles Baker. Dans son discours, M. Baker a exprimé son souhait de faire progresser le dossier de l’énergie en Nouvelle Angleterre, notamment grâce à l’importation d’hydroélectricité canadienne. 

Il a précisé trois objectifs : Réduire le taux de carbone, réduire le prix d’électricité aux entreprises et familles et diversifier son portefeuille d’énergie. D’ailleurs, des faits alarmants appuient son objectif dont  la consommation du gaz naturel qui est passée de 15% à 45% depuis 2000. Forte augmentation pour une ressource non renouvelable. 


Coup de théâtre! Le matin même, on apprends qu’un appel de proposition de trois états de la Nouvelle Angleterre, soit, le Rodes Island, le Connecticut et la Massachusetts est déposé. Il s’agit d’un appel de proposition pour recevoir de l’énergie propre et on parle ici ,,,,,,,de l’hydroélectricité. 

C’est une excellent nouvelle pour Hydro-Quebec qui est sur les lieux. C’est simple, si Hydro-Québec obtient ce contrat, ca sera le plus important de son histoire. C’est massif comme projet!
On parle de construire une ligne de transport au cout de $1.6 milliard qui partirait du Québec jusqu’au Connecticut. Donc 80 km au Québec et 300 km en Nouvelle Angleterre. Il y aurait six états de la Nouvelle Angleterre qui seraient desservis par cette hydroélectricité. 

Hydro-Quebec a toutes les raison d’avoir ce contrat. A voir les bonnes relation entre le gouverneur Baker, le gouverneur du Maine, M, Lepage qui considère le Québec comme sa famille et non comme un voisin et qui appuie fortement lui aussi l’hydroélectricité du Québec, on vient de servir un contrat sur un plateau d’argent à hydro-quebec.


Mais pourquoi cela me concerne tant, moi la résidente de Boston?

Et bien, c’est à cause de ma facture d’électricité. Aux États-Unis, il n’y a pas de réglementation sur le prix de consommation. J’ai vu ma facture d’électricité de “EverSource" augmenter à grande vitesse. Un mois, je payais 9.3c le kilowatt et le mois suivant, c’est passé à15c le kilowatt. Cette augmentation de 66% a été faite durant la période des fêtes. Autant vous dire que j’ai sursauté en voyant la facture. Pendant 6 mois, le taux du kilowatt est resté à 15c. Maintenant il est à 10c mais pour combien de temps ? Selon Hydro-Quebec, ce projet va stabiliser le coût de l’électricité. Mais pour eux, c’est aussi une bonne occasion d’être dans un marché non réglementé contrairement au Québec où les coûts d’électricité le sont. 



Ce projet est presque dans la poche de Hydro-Quebec, mais qui va partager les coûts de $1.6 milliards? le Québec,? les trois états de la nouvelle Angleterre ? ou tout ce beau monde? La question a été mainte fois posée durant la journée, mais impossible de nous répondre. Quand le porte parole de Hydro-Quebec, M. Gary Sutherland nous a expliqué dans le détail le projet, nous étions trois à l’écouter et à lui bombarder de questions, les deux journalistes et moi la blogueuse. J’avais quand même une question fondamentale qui me trottinait dans la tête tout au long de la rencontre. Finalement, je lui ai posé: “Avec ce projet, est-ce que le coût de ma facture d’électricité va baisser ?”. Il m’a répondu : “je ne sais pas…. mais peut être que la facture sera plus “lisse” c’est-à-dire moins en dents de scie”….. Je l’ai regardé sans être convaincu mais je suis quand même partie en espérant. Et si c’est le cas, ca ne sera que dans quatre ans car selon le plan, le projet se terminera en 2019 !

Sunday, July 19, 2015

Pour ou contre le patriotisme américain ?


Le premier jour d’école de ma fille, les parents étaient invités à venir en classe. Elle avait 6 ans. Son école est située dans une banlieue de Boston.  Je suis donc dans sa classe depuis 8h00 du matin quand à 8h30, une alarme se fait entendre. Tout le monde se lève. Contente, je crois qu’il s’agit d’une pause et pas tout à fait réveillée, je me dirige vers la table à café. C’est alors que j’entends des voix qui murmurent. Je me retourne et stupéfaite, je vois les parents, main sur la poitrine, orientés vers le drapeau américain, récitant le serment au drapeau (Pledge of Allegiance). Embarrassée,  je me dirige discrètement vers mon siège et j’écoute attentivement ces murmures. Je me croirais à l’église. Cette année, ma fille qui vient de terminer sa quatrième année, récite encore à tous les matins le serment au drapeau.

On le sait tous, les Américains sont très patriotiques. On a juste à franchir la frontière des États-Unis pour voir des drapeaux flotter partout. Il y en a même un sur la lune. Et à l’approche de la fête de l’indépendance, le pays en sera plus que couvert. 

Ma fille m’a déjà dit qu’elle avait visionné une vidéo à l’école montrant comment plier le drapeau américain durant une cérémonie. Elle a pris ça très au sérieux, je suis restée bouche-bée! Le patriotisme commence là où on ne s’en doute pas.

Pourtant, il y aurait un déclin du patriotisme. En 2013, selon Gallup, 85 % des Américains se disaient extrêmement ou très fiers d’être Américain. Vous me direz que c’est beaucoup ? Eh bien en 2002, il y en avait davantage, soit 92% qui se disaient extrêmement ou très fiers d’être Américain. Selon l’American National Election Study, les raisons de ce déclin seraient dues aux liens moins forts avec des symboles puissants, comme le drapeau, plutôt qu’aux valeurs propres au pays, Les gens plus âgés ont encore ce sentiment très fort qui les unit à leur drapeau tandis que les plus jeunes expriment davantage de solidarité envers les valeurs du pays, comme «Egalite» et «opportunité».

Mais le drapeau continue de soulever des passions. On a qu’à regarder le débat très émotif soulevé par le drapeau confédéré. Certains veulent le garder, d’autres l’enlever car il représente la passé esclavagiste des états du sud.

Les raisons d’être patriotique ont changé avec le temps. Au début du siècle, les immigrants qui arrivaient étaient prêts à s’imprégner des valeurs du pays pour avoir une vie meilleure. C’était une question de survie mais aussi une façon d’adhérer au rêve américain. Aujourd’hui, les attaques terroristes ont modifié la raison  d’être du patriotisme. La protection du pays a pris une grande importance au sein des valeurs américaines.

Moi qui jette un regard extérieur, je suis toujours perplexe à l’idée que l’école enseigne le patriotisme dès l’enfance. Pourtant, il n’y a rien de mal à être patriotique. Au contraire, lorsqu’on est patriotique, on aime son pays et on veut le défendre.  J’ai déjà entendu dire que plus le patriotisme est fort et plus faible sera la probabilité d’une attaque terroriste en provenance de l’intérieur du pays. La question a d’ailleurs été soulevée lors de l’attaque de Charlie Hebdo à Paris.

Et regardez comment les Américains se relèvent après une attaque. Prenez par exemple, l’attaque terroriste lors du marathon de Boston en 2013. Quelques jours seulement après l’attentat, l’organisme « The One Fund » a vu le jour. Cet organisme qui vient en aide aux victimes des attentats et à leur famille a amassé plus de 60 millions en seulement 4 mois. Le tout a commencé avec des T-shirts portant le logo «Boston Strong», suivi d’accessoires, concerts, etc. Les Américains s’unissent vite pour défendre leurs pays. Et en plus ils sont efficaces.

Alors pourquoi suis-je si mal à l’aise lorsque j’entends ma fille réciter le serment au drapeau et chanter l’hymne National ? la réponse est complexe. Car j’aime cet esprit patriotique, mais je n’aime pas toujours la façon dont il s’exprime. Les extrémistes, ceux qui ont un esprit rigide et borné, les arrogants qui pensent être les meilleurs me dérangent beaucoup. Le danger c’est quand le patriotisme se transforme en nationalisme extrême.  De Gaule disait «Le Patriotisme c’est aimer son pays, le nationalisme c’est détester celui des autres». La citation est clairvoyante et en dit long.  C’est bien d’être patriotique mais il ne faut pas tomber dans l’arrogance ou l’extrémisme. Sur ce, Bonne fête de l’indépendance à tous les Américains.

La fierté de parler français à Boston


Lorsque ma fille me parle en français, j’ai souvent des commentaires élogieux de la part des parents. Elle a 10 ans et elle passe de l’anglais au français avec une aisance déconcertante, même si nous vivons aux États-Unis depuis plus de 5 ans. Il y a une règle à la maison : on parle uniquement en français. Interdiction d’y contrevenir.  

Nous sommes à Boston et parler en français est très prisé. C’est vrai qu’il y existe une forme de snobisme et que la bourgeoisie intellectuelle aime bien montrer aux gens qu’elle peut parler français. Combien de fois ai-je entendu dire que cette langue est magnifique, même si les Américains font des efforts surhumains pour prononcer quelques mots dans ma langue. Et qui n’a pas entendu l’histoire de Jacky Bouvier Kennedy qui a séduit les Français en parlant leur langue lorsqu’elle a rencontré le Général de Gaule à Paris ? Les Américains étaient fiers. Parler français est bien vu!  

Le français est tellement valorisé que la petite ville de Milton a des écoles publiques en français. Pourtant, Milton, située à 16 kilomètres de Boston, ne compte que 27 000 habitants. Eh oui, vous avez bien lu, des écoles publiques - et non privées - en français! Il existe quatre écoles primaires avec immersion française. En première année, le parent a le choix d’inscrire son enfant à l’immersion française ou à des cours en anglais et en espagnol. Si le parent choisit l’immersion française, l’enfant a des cours uniquement en français en première et deuxième années. À partir de la troisième année, les cours sont donnés moitié en français et moitié en anglais. Par exemple, les mathématiques sont en anglais et les sciences sociales en français. En quatrième année, le français ne représente plus que 25% des cours totaux et en cinquième année, il ne reste qu'un cours en français. À partir de 6 ans, l'élève commence l'apprentissage du français. À cet âge, le cerveau est une éponge.

J’ai rencontré des parents à une fête d’enfants à Milton. Des Américains qui ne comprennent pas un mot de français, mais qui ont tout de même choisi le programme immersion pour leur progéniture. Je m’attendais à rencontrer davantage de parents francophones. Mais non, la plupart étaient des Américains. Pas facile pour eux, surtout lorsque vient le temps des devoirs. Ils ne peuvent pas aider leur enfant. Je leur ai demandé pourquoi ils avaient choisi ce programme. Leur réponse était simple: parler en français est un cadeau qui va leur servir à  leur enfant toute leur vie et ils en sont extrêmement fiers. Le programme est tellement populaire que l'école prévoit ouvrir une seconde classe de première année.  

Quand je vois un Américain qui ne comprend pas un seul mot de français et qui me dit fièrement que son enfant parle français, je me dis que ça serait bien si cette fierté pouvait être ressentie partout au Canada. 

Bonne st-Jean !