"He is a good guy, a very good guy ! "

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Sunday, July 19, 2015

Pour ou contre le patriotisme américain ?


Le premier jour d’école de ma fille, les parents étaient invités à venir en classe. Elle avait 6 ans. Son école est située dans une banlieue de Boston.  Je suis donc dans sa classe depuis 8h00 du matin quand à 8h30, une alarme se fait entendre. Tout le monde se lève. Contente, je crois qu’il s’agit d’une pause et pas tout à fait réveillée, je me dirige vers la table à café. C’est alors que j’entends des voix qui murmurent. Je me retourne et stupéfaite, je vois les parents, main sur la poitrine, orientés vers le drapeau américain, récitant le serment au drapeau (Pledge of Allegiance). Embarrassée,  je me dirige discrètement vers mon siège et j’écoute attentivement ces murmures. Je me croirais à l’église. Cette année, ma fille qui vient de terminer sa quatrième année, récite encore à tous les matins le serment au drapeau.

On le sait tous, les Américains sont très patriotiques. On a juste à franchir la frontière des États-Unis pour voir des drapeaux flotter partout. Il y en a même un sur la lune. Et à l’approche de la fête de l’indépendance, le pays en sera plus que couvert. 

Ma fille m’a déjà dit qu’elle avait visionné une vidéo à l’école montrant comment plier le drapeau américain durant une cérémonie. Elle a pris ça très au sérieux, je suis restée bouche-bée! Le patriotisme commence là où on ne s’en doute pas.

Pourtant, il y aurait un déclin du patriotisme. En 2013, selon Gallup, 85 % des Américains se disaient extrêmement ou très fiers d’être Américain. Vous me direz que c’est beaucoup ? Eh bien en 2002, il y en avait davantage, soit 92% qui se disaient extrêmement ou très fiers d’être Américain. Selon l’American National Election Study, les raisons de ce déclin seraient dues aux liens moins forts avec des symboles puissants, comme le drapeau, plutôt qu’aux valeurs propres au pays, Les gens plus âgés ont encore ce sentiment très fort qui les unit à leur drapeau tandis que les plus jeunes expriment davantage de solidarité envers les valeurs du pays, comme «Egalite» et «opportunité».

Mais le drapeau continue de soulever des passions. On a qu’à regarder le débat très émotif soulevé par le drapeau confédéré. Certains veulent le garder, d’autres l’enlever car il représente la passé esclavagiste des états du sud.

Les raisons d’être patriotique ont changé avec le temps. Au début du siècle, les immigrants qui arrivaient étaient prêts à s’imprégner des valeurs du pays pour avoir une vie meilleure. C’était une question de survie mais aussi une façon d’adhérer au rêve américain. Aujourd’hui, les attaques terroristes ont modifié la raison  d’être du patriotisme. La protection du pays a pris une grande importance au sein des valeurs américaines.

Moi qui jette un regard extérieur, je suis toujours perplexe à l’idée que l’école enseigne le patriotisme dès l’enfance. Pourtant, il n’y a rien de mal à être patriotique. Au contraire, lorsqu’on est patriotique, on aime son pays et on veut le défendre.  J’ai déjà entendu dire que plus le patriotisme est fort et plus faible sera la probabilité d’une attaque terroriste en provenance de l’intérieur du pays. La question a d’ailleurs été soulevée lors de l’attaque de Charlie Hebdo à Paris.

Et regardez comment les Américains se relèvent après une attaque. Prenez par exemple, l’attaque terroriste lors du marathon de Boston en 2013. Quelques jours seulement après l’attentat, l’organisme « The One Fund » a vu le jour. Cet organisme qui vient en aide aux victimes des attentats et à leur famille a amassé plus de 60 millions en seulement 4 mois. Le tout a commencé avec des T-shirts portant le logo «Boston Strong», suivi d’accessoires, concerts, etc. Les Américains s’unissent vite pour défendre leurs pays. Et en plus ils sont efficaces.

Alors pourquoi suis-je si mal à l’aise lorsque j’entends ma fille réciter le serment au drapeau et chanter l’hymne National ? la réponse est complexe. Car j’aime cet esprit patriotique, mais je n’aime pas toujours la façon dont il s’exprime. Les extrémistes, ceux qui ont un esprit rigide et borné, les arrogants qui pensent être les meilleurs me dérangent beaucoup. Le danger c’est quand le patriotisme se transforme en nationalisme extrême.  De Gaule disait «Le Patriotisme c’est aimer son pays, le nationalisme c’est détester celui des autres». La citation est clairvoyante et en dit long.  C’est bien d’être patriotique mais il ne faut pas tomber dans l’arrogance ou l’extrémisme. Sur ce, Bonne fête de l’indépendance à tous les Américains.

La fierté de parler français à Boston


Lorsque ma fille me parle en français, j’ai souvent des commentaires élogieux de la part des parents. Elle a 10 ans et elle passe de l’anglais au français avec une aisance déconcertante, même si nous vivons aux États-Unis depuis plus de 5 ans. Il y a une règle à la maison : on parle uniquement en français. Interdiction d’y contrevenir.  

Nous sommes à Boston et parler en français est très prisé. C’est vrai qu’il y existe une forme de snobisme et que la bourgeoisie intellectuelle aime bien montrer aux gens qu’elle peut parler français. Combien de fois ai-je entendu dire que cette langue est magnifique, même si les Américains font des efforts surhumains pour prononcer quelques mots dans ma langue. Et qui n’a pas entendu l’histoire de Jacky Bouvier Kennedy qui a séduit les Français en parlant leur langue lorsqu’elle a rencontré le Général de Gaule à Paris ? Les Américains étaient fiers. Parler français est bien vu!  

Le français est tellement valorisé que la petite ville de Milton a des écoles publiques en français. Pourtant, Milton, située à 16 kilomètres de Boston, ne compte que 27 000 habitants. Eh oui, vous avez bien lu, des écoles publiques - et non privées - en français! Il existe quatre écoles primaires avec immersion française. En première année, le parent a le choix d’inscrire son enfant à l’immersion française ou à des cours en anglais et en espagnol. Si le parent choisit l’immersion française, l’enfant a des cours uniquement en français en première et deuxième années. À partir de la troisième année, les cours sont donnés moitié en français et moitié en anglais. Par exemple, les mathématiques sont en anglais et les sciences sociales en français. En quatrième année, le français ne représente plus que 25% des cours totaux et en cinquième année, il ne reste qu'un cours en français. À partir de 6 ans, l'élève commence l'apprentissage du français. À cet âge, le cerveau est une éponge.

J’ai rencontré des parents à une fête d’enfants à Milton. Des Américains qui ne comprennent pas un mot de français, mais qui ont tout de même choisi le programme immersion pour leur progéniture. Je m’attendais à rencontrer davantage de parents francophones. Mais non, la plupart étaient des Américains. Pas facile pour eux, surtout lorsque vient le temps des devoirs. Ils ne peuvent pas aider leur enfant. Je leur ai demandé pourquoi ils avaient choisi ce programme. Leur réponse était simple: parler en français est un cadeau qui va leur servir à  leur enfant toute leur vie et ils en sont extrêmement fiers. Le programme est tellement populaire que l'école prévoit ouvrir une seconde classe de première année.  

Quand je vois un Américain qui ne comprend pas un seul mot de français et qui me dit fièrement que son enfant parle français, je me dis que ça serait bien si cette fierté pouvait être ressentie partout au Canada. 

Bonne st-Jean !